Le lundi 24 juillet 2017 a débuté, au palais de justice de Caglayan, à Istanbul, le procès de 17 membres de l’équipe du journal turc Cümhuriyet, arrêtés il y a neuf mois. Ils sont accusés de soutenir une « organisation terroriste », plus précisément celle de Fethullah Gülen, présentée par Ankara comme l’instigateur de la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016.
Pour la première journée du procès, des militants des droits de l’homme, ONG turques et étrangères, députés, amis et familles sont venus soutenir les membres de la rédaction – dont le dessinateur Musa Kart – qui encourent des peines de 7 à 43 ans de prison. Ce vendredi 28 juillet, le juge doit statuer : les accusés pourront soit comparaitre en liberté, soit rester à la prison de Silivri.
Journal de référence en Turquie, Cümhuriyet est aussi le plus vieux quotidien du pays (93 ans). Il comptait 230 employés et était tiré à 50 000 exemplaires. Ce journal d’opposition indépendant, géré par les journalistes, est l’un de rares à ne pas appartenir à l’État ou à avoir été racheté par un groupe privé. Dans le paysage médiatique de la « démocrature » d’Erdogan, le ton critique des journalistes du Cümhuriyet envers le gouvernement dérange et exaspère un pouvoir de plus en plus autoritaire et inquiétant.
Mise à jour du 28/07 : Le juge a ordonné la libération provisoire de sept des accusés, dont le dessinateur Musa Kart, mais a maintenu en détention préventive quatre figures de proue du quotidien Cümhuriyet : Kadri Gürsel, Ahmet Sik, le rédacteur en chef Murat Sabuncu et le patron du journal Akin Atalay. Le procès devrait reprendre le 11 septembre 2017.
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