26 novembre 2016
Très critique à l’égard du régime malaisien, du Premier Ministre et de la corruption latente dans le gouvernement, le dessinateur Zunar a été forcé d’annuler une exposition vendredi 25 novembre. Cette dernière, présentée au nord de la capitale, avait attiré une foule de militants pro-gouvernement en colère.
Alors que Zunar inaugurait son exposition, qui devait durer trois jours, une foule de 30 à 50 membres des jeunesses du parti au pouvoir (Umno) a perturbé l’évènement. Ils ont demandé à rencontrer le caricaturiste afin d’exprimer leur mécontentement, n’approuvant pas les différents dessins présentés, critiques ouvertes et acerbes du gouvernement en place et notamment du Premier Ministre – et qualifiés de séditieux par le pouvoir.
La situation s’est dégradée lorsque Zunar a refusé de les voir. La tension est montée jusqu’à ce que la police intervienne. Zunar s’est ensuite vu dans l’obligation d’annuler son exposition afin d’éviter de nouvelles échauffourées. Près de 20 dessins ont été enlevés, en présence des forces de l’ordre, et confisqués.
Zunar a été ensuite été arrêté le samedi 26 novembre 2016, sous couvert du Sedition Act, selon une déclaration faite par un officier de police. Une enquête serait en cours selon la section 504 du code pénal, qui touche aux insultes avec intention de perturber la paix et l’ordre.
Un mois plus tard, le 17 décembre, Zunar a de nouveau été arrêté alors qu’il organisait une vente de ses livres, pour compenser la perte financière liée à l’annulation de son exposition. Une enquête a été ouverte pour préjudice à la démocratie parlementaire.
Il fait parallèlement face à neuf chefs d’inculpation sur la base du Sedition Act – une loi qui porte atteinte à la liberté d’expression en permettant des poursuites aisées contre les journalistes et dessinateurs, interdisant tout discours considéré comme séditieux – et risque 43 ans de prison pour avoir posté des tweets critiques à l’égard du gouvernement. Son procès a été repoussé plusieurs fois depuis près de deux ans, et aurait dû commencer le 24 janvier 2017. Il est de nouveau repoussé au 11 mai 2017.
Il a reçu le Prix Cartooning for Peace-Ville de Genève l’an dernier, saluant son courage et sa détermination.